Âge et fertilité : pourquoi le remboursement des traitements de fertilité doit être plus rationnel

Âge et fertilité : pourquoi le remboursement des traitements de fertilité doit être plus rationnel

24 août 2022

Aujourd’hui, de nombreux patients ont déjà droit au remboursement de la congélation d’ovules pour des raisons médicales. Cependant, certains groupes cibles sont encore laissés pour compte. Et qu’en est-il de la congélation pour des raisons non médicales ? Un vibrant plaidoyer en faveur d’une utilisation plus rationnelle des moyens...

La préservation de la fertilité, ou protection de la fertilité pour l’avenir, est remboursée depuis 2017. Il s’agit de congeler des ovules, des spermatozoïdes, du tissu ovarien ou du tissu testiculaire. Au départ, seuls les jeunes hommes et les jeunes femmes atteints d’un cancer étaient éligibles, car le traitement de leur cancer les expose à un risque d’infertilité ultérieure. En 2018, cette indication a été élargie aux jeunes femmes souffrant d’autres pathologies pouvant également affecter leur réserve d’ovules, comme certaines maladies du sang devant être traitées par chimiothérapie, et aux femmes présentant une erreur spécifique dans leur code génétique qui augmente le risque de cancer du sein.

Trop coûteux pour de nombreux patients

Cependant, un certain nombre de groupes de patients n’ont toujours droit à rien. Les femmes atteintes du syndrome de Turner, par exemple, courent également un risque élevé de perdre leur fertilité en raison d’un déclin accéléré de leurs ovules. Les femmes atteintes de troubles génétiques spécifiques, tels qu’une anomalie du gène FMR1, sont également plus exposées au risque de ménopause prématurée.

La congélation des ovules de ces femmes à un âge précoce augmente leurs chances d’avoir un enfant à elles plus tard. Pourtant, la préservation de la fertilité n’est pas remboursée dans ces cas. Le coût élevé d’un tel traitement — plus de 3 000 euros — effraie de nombreux patients. Les femmes qui développent une ménopause précoce en raison de ces conditions, mais qui souhaitent toujours avoir des enfants, doivent souvent se tourner vers le don d’ovules.

« Le désir inassouvi d’avoir des enfants affecte sérieusement la qualité de vie »

La souffrance peut être immense

La recherche a montré que le désir non assouvi d’avoir des enfants affecte sérieusement la qualité de vie des personnes concernées. Il devient obsessionnel et affecte leur identité et leurs relations. Quiconque a vu l’épisode Taboe de Philippe Geubels sur ce sujet aura pu constater que la souffrance peut être immense.

La suite sous la photo.



 L’infertilité figure dans le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM), l’ouvrage de référence pour les troubles psychologiques. Alors si les techniques actuelles de préservation de la fertilité et un remboursement plus large peuvent nous permettre d’aider des dizaines de personnes supplémentaires chaque année à réaliser leur rêve d’avoir un enfant, nous devrions l’envisager sérieusement.

Quid du remboursement pour des raisons non médicales ?

Nous ne devons pas non plus négliger le facteur démographique. Dans de nombreux pays, la fécondité est en baisse et la pyramide des âges commence à s’inverser. Cela s’explique principalement par le fait que les femmes attendent de plus en plus longtemps avant d’avoir des enfants, parfois par choix, mais souvent aussi parce que le partenaire adéquat se fait longuement attendre. À partir de 35 ans, leur fécondité diminue considérablement. Ici aussi, la congélation des ovules peut offrir une solution. C’est la présidente du Sénat, Stephanie D’Hose, qui a pour la première fois abordé cette thématique l’année dernière, en posant une question parlementaire au ministre de la Santé concernant l’élargissement du remboursement de la congélation des ovules dans ce cas.

« Trop de femmes souffrant de problèmes de fertilité ne sont toujours pas soutenues financièrement, malgré le taux de réussite élevé d’un traitement. »

C’est l’âge de l’ovule qui importe, pas celui de la femme

Attention, en tant que médecins spécialistes de la fertilité, nous ne demandons pas que la congélation d’ovules pour des raisons non médicales soit remboursée. Toutefois, la loi de 2007 relative à la procréation médicalement assistée prévoit que toute femme jusqu’à l’âge de 43 ans a droit au remboursement de six traitements de fécondation in vitro (FIV). Une femme de 42 ans qui se fait prélever des ovules (dont la fertilité est limitée) pour les faire féconder en laboratoire ne doit donc pas mettre la main à la poche, même si les chances de réussite sont très faibles. En revanche, une femme qui fait congeler de jeunes ovules à 35 ans pour les faire féconder à 44 ans ne reçoit pas un centime, ni pour la congélation ni pour la fécondation en laboratoire, même si les taux de réussite sont élevés.

Le remboursement doit être revu

Nous appelons à une utilisation plus rationnelle des moyens disponibles, à une adaptation des remboursements aux évolutions technologiques et à une intensification des actions de prévention de l’infertilité. Le remboursement de la FIV devrait être basé sur l’âge de l’ovule et non sur celui de la femme. Aujourd’hui, un groupe important de jeunes femmes présentant un risque accru d’infertilité ne bénéficient d’aucune aide financière, alors qu’avec un peu d’aide, elles ont pourtant de bonnes chances de donner naissance à un enfant en bonne santé.

Tout article publié sur le blog de l’UZ Brussel reflète uniquement l’opinion de son auteur.

Pr Dr Michel De Vos Pr Dr Michel De Vos
Pr Dr Michel De Vos
Chef de service Brussels IVF et gynécologue
Michel De Vos est gynécologue et chef de service à Brussels IVF, le centre de médecine reproductive de l’UZ Brussel, et professeur clinique de médecine reproductive à la Vrije Universiteit Brussel. Il a étudié la médecine à Gand et a obtenu un doctorat en médecine à l’Université de Leeds, au Royaume-Uni. En 2011, il a été reconnu comme sous-spécialiste en médecine de la reproduction par l’European Society for Human Reproduction and Embryology (ESHRE) et par l’European Board and College of Obstetrics and Gynaecology (EBCOG). Ses activités de recherche actuelles sont axées sur le syndrome des ovaires polykystiques, la maturation in vitro des ovocytes et la préservation de la fertilité.

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