Pour les généralistes, la pandémie a aussi apporté un soulagement

Pour les généralistes, la pandémie a aussi apporté un soulagement

28 avril 2022

Après deux années pénibles sous le joug du coronavirus, nous revenons enfin à la normale. Même si nous espérons que tout ne redeviendra pas comme avant. Car le COVID-19 a aussi mis en branle ou accéléré quelques changements positifs. Qu’il faut conserver.

En mars 2020, un monde nouveau s’est ouvert aux généralistes. Avant ce tournant, les téléconsultations étaient impossibles. Nous ne pouvions pas demander d’honoraires pour ce type de rendez-vous et l’assurance n’intervenait pas si nous n’avions pas vu le patient « en chair et en os ». Et puis c’est devenu possible du jour au lendemain.

La téléconsultation appelée à rester

Les honoraires sont à présent réglés par facturation électronique à l’INAMI sans aucune intervention du patient. Aujourd’hui, cela semble presque évident. Les téléconsultations existaient depuis un certain temps déjà aux Pays-Bas. Chez nous, elles se heurtaient à une forte résistance de la part de l’administration comme des syndicats médicaux. Elles font désormais partie de notre quotidien grâce au coronavirus. Des cabinets médicaux mais aussi des médecins travaillant seuls réservent chaque semaine ou chaque jour un certain nombre d’heures aux téléconsultations. Et le patient y recourt avec plaisir. Dans un proche avenir, nous allons évoluer de plus en plus vers des blended consultations, un cocktail de contacts téléphoniques, de consultations vidéo, de conseils par e-mails et d’examen physique. Tous les moyens de communication se combineront selon les besoins de chaque patient afin de lui offrir une aide et un traitement adéquats le plus rapidement possible.

« Nous allons évoluer de plus en plus vers des blended consultations. »

Une petite révolution numérique

Les patients aussi ont découvert un nouveau monde. Le morcellement numérique du paysage informatique dans le secteur des soins de santé est un point névralgique qui revient souvent, mais voilà que soudain, les possibilités se sont multipliées dans ce domaine. Les patients pouvaient télécharger leurs certificats de quarantaine, consulter les résultats de leur test PCR, etc. Ils se sont familiarisés avec MaSanté.be, ce qui constitue un énorme progrès. Aujourd’hui, ils reçoivent d’autres analyses en ligne aussi.

Parallèlement, nous assistons à une redéfinition du rôle du généraliste. Le patient arrive mieux préparé à la consultation. Le généraliste ne se contente plus de communiquer les résultats, il les interprète désormais avec le patient et c’est ensemble qu’ils décident de la suite à y donner. L’interaction et l’implication du patient dans sa santé semblent donc avoir grandi.

Les généralistes aussi apprécient les avantages de cette intégration rapide des données numériques relatives au Covid dans leur logiciel médical. Les vaccinations des patients étaient automatiquement téléchargées, le programme permettait de prendre directement un rendez-vous pour une nouvelle dose, etc. Autant d’éléments qui étaient jusque là inconcevables.

Un renforcement des réseaux grâce au Covid

Cette flexibilité énorme en cas de besoin est tout de même frappante et a fait réfléchir tout le monde. Nous l’avons constaté dans les hôpitaux, mais aussi chez les généralistes. Ils sont partis travailler dans des centres de tri et de vaccination, ils ont accepté de servir de médecins de liaison, d’experts médicaux dans ces centres de vaccination ou de MSPOC. Ils n’y étaient pas seuls, évidemment. Tout à coup, ils ont collaboré de manière intense avec d’autres partenaires dans les soins de première ligne, notamment des pharmaciens et des infirmiers, mais également des médecins du travail et des spécialistes. Ce sont devenus des collègues avec lesquels ils s’entendaient bien et qu’ils appellent aussi beaucoup plus facilement aujourd’hui. C’est dans ce sens que la pandémie de coronavirus a renforcé les réseaux, ce qui ouvre des portes au patient et favorise une approche plus fluide et plus intégrée des soins.

« Tout à coup, des généralistes ont collaboré de manière intense avec d’autres partenaires dans les soins. »

Retour en arrière ?

La rapidité était évidemment nécessaire pour accroître la force de frappe de la politique sanitaire. Le processus décisionnel démocratique ne pouvait pas suivre la voie habituelle. C’est un enseignement très intéressant. Mais inutile de se faire des illusions. Maintenant que la situation revient à la normale, la prise de décisions recommencera à exiger du temps. Est-ce pour autant un retour en arrière ? Pas nécessairement. Un processus démocratique un peu plus lent a aussi ses avantages. À ce que j’en sais, il n’y a pas eu de gros crash à l’arrivée de toutes ces nouveautés numériques, heureusement, mais que se serait-il passé dans le cas contraire ?

« Docteur, comment allez-vous ? »

Enfin, le Covid a eu des répercussions sur les généralistes au plan humain aussi. Ce que je retiens avant tout, c’est la considération, voire la compassion que nous témoignent nos patients. Quelqu’un m’a dit, au pic de la deuxième ou troisième vague : « Docteur, vous demandez toujours comment je vais. Puis-je à mon tour vous demander comment vous allez ? » Et honnêtement, ça m’a fait un bien fou !
 

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Pr Dirk Devroey Pr Dirk Devroey
Pr Dirk Devroey
Doyen de la faculté de médecine et de pharmacie
Vrije Universiteit Brussel
Dirk Devroey est médecin généraliste depuis 1994 et a travaillé pour l’Institut scientifique de santé publique (l’actuel Sciensano) pendant 10 ans. Il a passé son doctorat à la Vrije Universiteit Brussel (VUB) avec une étude sur la prévention cardiovasculaire. Il est nommé professeur de médecine générale à la VUB en 2007. Il est doyen de la faculté de médecine et de pharmacie depuis 2020. Dirk Devroey est également président de la zone de première ligne Druivenstreek et expert médical pour le centre de vaccination de Tervuren.

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