”On a besoin d’un leadership courageux”

”On a besoin d’un leadership courageux”

15 juin 2020

Revenons sur des semaines difficiles qui étaient à la fois pleines d’espoir et frustrantes. Pleines d’espoir vu l’investissement, la solidarité et la flexibilité de tant de gens pour vaincre ensemble le Coronavirus. Mais frustrantes aussi parce que les manquements dans les soins sont aussi maintenant apparus clairement. « Sortez de chez vous, mais ne faites pas les fous », dit-on maintenant au citoyen. Mais pour les décideurs politiques, ce serait plutôt « Sortez de chez vous et faites une fois les fous! » Pour mieux appréhender les crises futures, il faut un leadership courageux.

La crise du Coronavirus a-t-elle duré assez longtemps pour amener du changement ? Hélas, nous craignons que non. Cette crise pèse lourd, tant au niveau social qu’économique, et certainement aussi pour les prestataires de soins qui ont été au front pendant des semaines. On n’a pas (encore) le temps de se reposer car la crainte de nouvelles contaminations et de nouveaux foyers demeure. En outre, tout le monde est maintenant à nouveau sur le pont pour prendre en charge les nombreux autres patients qui ont reporté leurs soins (souvent trop longtemps). Nous passons d’un stress à un autre. Ici, la question principale reste toutefois de savoir si cette crise du Coronavirus a en fait duré assez longtemps pour amener un changement de comportement plus ou moins constant chez les citoyens, les décideurs politiques et les prestataires de soins.Heeft de coronacrisis lang genoeg geduurd om verandering te bestendigen? We vrezen helaas van niet. De coronacrisis weegt zwaar door, zowel op sociaal als economisch vlak en niet in het minst voor de zorgverleners die wekenlang in de frontlinie stonden. Ruimte voor rust is er (nog steeds) niet, want de stress voor nieuwe besmettingen en broeihaarden blijft. Daarnaast is het nu opnieuw alle hens aan dek voor de vele andere patiënten met (vaak te lang) uitgestelde zorg. We rollen van de ene drukte over in de andere. Daarbij blijft de hamvraag echter of deze coronacrisis eigenlijk wel lang genoeg heeft geduurd om een min of meer constante gedragsverandering teweeg te brengen bij burgers, beleidsmakers en zorgverleners.

« La résilience des prestataires de soins n’est pas inépuisable. »

Tout changement est difficile. C’est souvent lié à la culture et il semble parfois plus facile de s’accrocher aux habitudes, car « on l’a toujours fait ainsi ». Maintenant que la tempête turbulente s’est apaisée, tout le monde veut retourner le plus vite possible à sa vie normale (c’est-à-dire à sa bulle de confort qu’il connait bien). L’agitation et l’incertitude restent toutefois présente, de peur qu’il s’agisse du calme avant une nouvelle tempête, encore plus forte … La pénurie de main d’œuvre dans les soins n’est pas neuve. Par cette crise inattendue, elle n’est devenue qu’encore plus évidente. 

Les soins aux patients COVID et aux patients non-COVID fonctionnent comme des vases communicants. Les deux ne peuvent pas déborder en même temps. Nous y avons échappé de peu durant ce premier pic. Mais la résilience des prestataires de soins n’est pas inépuisable. 

Leadership courageux et briser les silos

Nous avons demandé beaucoup aux prestataires de soins, et heureusement, à l’hôpital, nous n’avons pas 9 directions par analogie au nombre de ministres compétents pour les soins de santé en Belgique. Il fallait un leadership courageux et nous avons brisé les silos de départements et de services et réorganisé nos hôpitaux en très peu de temps. C’était du jamais vu dont nous pouvons vraiment être fiers !

« Nous avons réalisé du jamais vu dont nous pouvons vraiment être fiers ! »

Pendant des semaines, l’adrénaline a été notre moteur. Ce besoin de flexibilité, d’adaptabilité, d’innovation rapide et d’apprentissage rapide continuera à faire partie de notre nouvelle normalité. La rupture des zones de confort également. Les politiques aussi doivent briser leurs silos et sortir de chez eux ! Et ici, ils peuvent faire une fois les fous car c’est nécessaire pour réaliser une collaboration durable entre les première, deuxième et troisième lignes où les réseaux peuvent aussi jouer un rôle significatif.  

« Faites tomber les masques politiques et soyez courageux. »

Nous avons une chance unique d’utiliser cette crise de manière constructive pour faire mieux à l’avenir. Nous devons mettre nos masques partout contre le virus, mais ici je lance un appel aux politiques pour qu’ils fassent tomber leurs masques, qu’ils mettent de côté leurs intérêts idéologiques, et ce, à tous les niveaux. Ayez du courage politique pour collaborer au-delà des frontières dans l’intérêt des patients et de toute personne qui s’occupe de ces patients. Cette crise du Coronavirus n’est pas encore « l’orage parfait » comme par exemple la pandémie de racisme qui nous secoue depuis des décennies. Ici, il y a une chance – du moins à Minneapolis – que l’on restreigne la police, voire qu’on la supprime complètement pour recommencer de zéro. Par rapport aux soins de santé morcelés en Belgique et aux réseaux hospitaliers en formation aussi, on pourrait envisager de faire la même chose. D’abord supprimer tout pour ensuite construire ensemble quelque-chose de meilleur. 

Combativité après le processus de deuil

Les derniers mois ressemblent à un processus de deuil. Lorsque nous avons vu les images de Chine et d’Italie, nous nous sommes trouvés dans une phase de déni. Il faisait bizarrement calme dans nos hôpitaux et les sueurs froides sont apparues. Ensuite, c’est la colère qui a dominé lorsque nous devions prendre en charge des patients COVID les premières semaines sans matériel de protection et de testing en suffisance. Et aujourd’hui, nous nous trouvons dans une phase où un virus invisible semble invincible. Mais nous devons anticiper de manière combattive et passer à une phase dans laquelle nous avons un déclic mental car ce n’est qu’ensemble que nous pourrons vaincre ce virus et être forts au cas où surviendrait un autre pic, que ce soit de SARS-CoV-2 ou d’un autre virus très contagieux.

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Prof. dr. Manu Malbrain Prof. dr. Manu Malbrain
Prof. dr. Manu Malbrain
Chef du service des Soins intensifs
Le Professeur Manu Malbrain est chef du service des Soins intensifs de l’UZ Brussel depuis 2017. En outre, il est professeur à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de la Vrije Universiteit Brussel (VUB). Manu Malbrain est interniste-intensiviste et a décroché son doctorat à la KUL en 2007. Entre 2002 et 207, il a été chef du service des Soins intensifs au ZNA à Anvers, et de 2013 à 2017 médecin-chef au ZNA Stuivenberg et St-Erasmus également à Anvers. Il est co-fondateur et président de la WSACS (Abdominal Compartment Society) et de l’IFA (International Fluid Academy). Il a donné plus de 1000 conférences lors de congrès (inter)nationaux, a écrit plus de 275 articles peer-reviewed, critiques, éditos, chapitres ainsi que deux livres entiers sur le syndrome du compartiment abdominal. Pour l’instant, il planche sur un livre qui traite de la politique rationnelle des fluides. Son compte twitter est @Manu_Malbrain.

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