Pour la première fois, l’UZ Brussel traite un trouble du rythme cardiaque à l’aide d’une technique d’irradiation non invasive basée sur une imagerie en temps réel
23 septembre 2025Pour la première fois, l'UZ Brussel a traité avec succès un patient souffrant d'un trouble du rythme cardiaque persistant et dangereux, une tachycardie ventriculaire (TV), grâce à l'ablation par radiothérapie stéréotaxique. Cette technique consiste à irradier très précisément la zone problématique du cœur à l'aide d'une imagerie en temps réel afin d'interrompre le rythme cardiaque anormal. Jusqu'à présent principalement utilisée en oncologie, cette technique offre une alternative totalement non invasive aux patients pour lesquels même les traitements les plus avancés s'avèrent inefficaces. Le patient se porte bien et a quitté l'hôpital.
La tachycardie ventriculaire (TV) est un trouble du rythme cardiaque grave et potentiellement mortel. Elle est souvent causée par des cicatrices dans le cœur qui font circuler les signaux électriques en boucle. La première étape du traitement consiste généralement à traiter la maladie cardiaque sous-jacente et à implanter un défibrillateur automatique implantable (DAI) afin de prévenir la mort cardiaque subite. En cas de TV persistante ou récurrente, le traitement comprend des médicaments et une ablation par cathéter.
L'ablation par cathéter utilise la radiofréquence ou de courtes impulsions électriques (ablation par champ pulsé) pour créer du tissu cicatriciel et ainsi bloquer les signaux électriques erronés. Bien que cette technique soit souvent couronnée de succès, cela peut parfois entraîner une réapparition du trouble du rythme cardiaque dans les six mois suivant une ablation antérieure, par exemple en raison d'un tissu cicatriciel étendu ou d'une zone problématique profonde.
Nécessité de traitements alternatifs moins lourds
La radiothérapie stéréotaxique utilise l'énergie des rayons pour traiter très précisément la zone problématique du cœur, tout en épargnant autant que possible les tissus sains. L'objectif est d'interrompre le rythme cardiaque anormal grâce à l'irradiation. La procédure étant totalement non invasive, les risques liés à l'intervention pour le patient sont considérablement réduits.
Le Professeur Andrea Sarkozy, cardiologue au Heart Rhythm Management Centre de l'UZ Brussel, commente : « Pour les patients qui ne tirent pas suffisamment profit des traitements par cathétérisme même les plus récents, ce traitement ouvre de nouvelles perspectives. Le fait que nous puissions traiter les troubles du rythme cardiaque sans cathéter ni chirurgie peut considérablement améliorer la qualité de vie d'un groupe de patients vulnérables. »
Précision grâce à la collaboration
Et le Professeur Thierry Gevaert, chef adjoint du service de Radiothérapie à l'UZ Brussel, d’enchaîner : « L'un des défis particuliers de la radiothérapie réside dans le fait que le cœur bouge constamment, tant en raison du rythme cardiaque que de la respiration. Grâce à une radiothérapie avancée guidée par l'image qui permet de suivre ces mouvements, le rayonnement peut toutefois être administré avec une précision millimétrique. Cette technique montre comment les connaissances en oncologie peuvent également être mises à profit en cardiologie. En associant différentes disciplines, nous rendons possible un traitement à la fois efficace et moins lourd pour le patient. »
Cette précision est rendue possible grâce à la collaboration entre le Heart Rhythm Management Centre et le service de Radiothérapie. À l'aide d'informations anatomiques et électriques, les cardiologues cartographient la zone problématique à l'aide d'un logiciel de cartographie et de navigation qui identifie les rythmes cardiaques anormaux, bloque les stimuli électriques et fournit un feed-back en temps réel. Les radiothérapeutes calculent et ciblent ensuite la dose optimale d’irradiation.
Une avancée dans les soins aux patients
Cette première application réussie marque une étape importante vers une nouvelle option thérapeutique pour le traitement de la tachycardie ventriculaire. L'UZ Brussel entend affiner et évaluer cette technique afin de la rendre plus largement accessible à l'avenir aux patients qui disposent aujourd'hui de peu d'alternatives.